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كلية الآداب بسوسة/معقل البغاء والنفاق الجامعي
13 juin 2013

MAFIA UNIVERSITAIRE TUNISIENNE POST REVOLUTIONNAIRE-TEMOIGNAGE DU PROFESSEUR SONIA HADDAD-FACULTE DES SCIENCES DE TUNIS


Excellent article de notre collègue Sonia Haddad. Il dresse un tableau alarmant de l'état de notre Université! Bravo Sonia!

Concours de recrutement d’enseignants-chercheurs:
Entre magouilles et bonne foi
A l’époque du clan Benali-Trabelsi, on savait que plusieurs admis aux concours de recrutement d’enseignant-chercheur avaient des contacts avec des personnes au Ministère ou au RCD ayant le bras long. Elles avaient le pouvoir d’intervenir pour changer le classement des candidats ou l’affectation des postes. Emportée par l’euphorie de la nouvelle démocratie, la communauté des chercheurs a cru, qu’après la révolution, ce secret polichinelle cesserait complètement. On espérait avoir plus de transparence dans l’établissement des critères de sélection des candidats. Il semble, cependant, que cet espoir soit complètement illusoire. Les résultats de certains concours laissent fortement croire que les magouilles de la Mafia benalienne sont de retour. Il est étonnant de voir le Ministère imposer aux jurys des critères de sélections qui n’ont aucune base scientifique.
La liste des admis dans un concours de recrutement d’assistants a créé une frustration chez les candidats. Cette frustration pourrait servir de déclic d’une révolution au sein de nos institutions. En effet, on a vu réussir à ce concours, des candidats pour avoir simplement enseigné en tant que contractuels durant des années. Ils se sont vus attribuer des points pour chaque année d’enseignement grâce à la grille imposée par le Ministère.
L’argument avancé par le Ministère, pour appuyer cette grille, est que les enseignants contractuels ont acquis un savoir-faire en pédagogie qu’il faudrait valoriser.
On est d’accord qu’une telle expérience devrait être comptabilisée dans l’évaluation des dossiers des candidats. Cependant, il est inconcevable d’attribuer des points à chaque année d’enseignement. En fait, la majorité des enseignants contractuels sont des candidats qui ont échoué à plusieurs concours mais qui ont pu décrocher des contrats Dieu sait comment. Ils préfèrent souvent refaire le même enseignement durant des années, ce qui ne leur permet pas d’acquérir une bonne expérience pédagogique.
L’argument avancé par le Ministère, pour justifier la grille imposée au jury, est donc complètement dérisoire.
Ces critères de sélection ont nourri un sentiment d’injustice chez les candidats qui ont préféré se consacrer à leur recherche pour accomplir des travaux de très bon niveau. Ces candidats, qui se sont contenté d’une bourse ou de leurs propres moyens pour vivre, ont été complètement lésés par les critères imposés par le Ministère.
Les membres du jury sont responsables vis-à-vis de leurs électeurs de cette sélection injuste. En imposant des critères aux jurys, le Ministère peut avoir comme objectif de couper court aux magouilles de l’époque benalienne où certains membres de jurys s’inclinaient volontairement aux règles « qui tu connais au Ministère ou au RCD» ou «quel service tu me rends en retour ?».
On soutient l’effort du Ministère à assurer une sélection objective des candidats mais on refuse d’appliquer des critères qui ne répondent pas aux normes internationales. Nos jeunes chercheurs ont le sentiment que nos concours font encore l’objet de magouilles qui permettent à des candidats d’un niveau lamentable de décrocher des postes aux dépends des plus méritants. Ce nivellement vers le bas est le fruit des critères de sélection imposés d’une part par le Ministère et adoptés, d’autre part, par certains jurys.
Il est étonnant de voir les critères de sélection changer d’un jury à un autre. Ces métamorphoses ont fait germé un sentiment de méfiance chez les candidats qui croient que les critères de sélection sont faits sur mesure pour permettre à des candidats, parrainés par certains responsables ayant le bras long, de décrocher des postes non mérités. Cette méfiance attirera, tôt au tard, le courroux des candidats et ouvrira la voie à des mouvements de contestation.
Les résultats de certains concours confirment les paradoxes que peuvent induire les changements perpétuels des critères de sélections. On voit un candidat plagiaire, jugé avoir commis des pratiques contre l’éthique par un journal de renommée international, réussir miraculeusement à un concours.
Comment peut-on confier nos jeunes étudiants à un tel candidat pour les encadrer en matser ou en thèse?
On se demande comment un candidat peut réussir au concours de maître de conférences alors qu’il n’a pas avancé dans sa recherche depuis des années et qui s’est contenté de dupliquer ses travaux de thèses et de reconduire le même enseignement.
Des échos circulent dans la communauté scientifique que le Ministère a retouché au classement des candidats d’un concours de maîtres de conférences en se basant sur un critère stipulant que chaque maître assistant a le droit de garder son poste au passage de grade de maître de conférences. A quoi bon sert alors de passer un concours ?
Il est important de rappeler que le Ministère a refusé, l’année dernière d’appliquer cette règle. Il n’a pas accordé deux postes vacants de maître de conférences à deux candidats qui ont demandé de rester dans leur institution. On se demande alors pourquoi le Ministère est revenu sur sa décision cette année ? Pourquoi avoir deux poids et deux mesures pour le même concours de recrutement ?
Plusieurs candidats et chercheurs se demandent si cette manœuvre n’est pas le fruit de complicité entre un responsable ayant le bras long et un candidat mal classé qui cherche à dénicher un poste ?
L’application de ce critère permet simplement à des candidats médiocres de décrocher des postes aux dépends des plus méritants.
Même le clan Benali-Trabelsi n’a jamais osé appliquer un tel critère qui risque de vider le concours de ses objectifs scientifiques. Cette loi est un simple nivellement vers le bas.
D’après le Ministère, ce critère permettrait aux nouveaux recrutés de continuer leurs travaux de recherche dans leurs institutions. Comment peut-on alors expliquer qu’un candidat, ayant été expulsé par son laboratoire pour des pratiques contre l’éthique, se voit attribuer un poste dans son institution, grâce à ce nouveau critère, aux dépends d’un candidat classé en tête de liste !
Comment peut-on forcer un membre élu dans un jury de se retirer pour conflit d’intérêt avec un candidat alors qu’on garde des membres appartenant à la même structure de recherche que certains candidats. Quelle objectivité prétend-on appliquer ?
Les pratiques du Ministère et les règles occultes d’établissement des critères de sélection établies par les jurys ont fait surgir plusieurs questions dans la communauté scientifique.
On a bien peur de revenir aux histoires des listes des admis préconçues et des retouches aux listes établies par le jury pour favoriser les candidats parrainés par certains responsables.
Il est temps que les critères de sélection des concours de recrutement soient conçus en toute objectivité et selon les normes internationales.
Plusieurs recommandations peuvent être faites à ce sujet :
1/ Toutes les spécialités d’une discipline donnée, ou au moins la majorité, devraient être représentées dans le jury.
Dans l’un des concours de maîtres de conférences, les membres du jury étaient tous des expérimentateurs. On voit mal comment ils peuvent juger la pertinence des travaux théoriques ?
2/ Les membres d’un jury sont appelés à établir eux-mêmes la grille de sélection en toute souveraineté en se basant uniquement sur des critères scientifiques.
3/ Les membres des jurys majoritairement élus, devraient, en signe de respect de leurs électeurs, soumettre la grille aux commissions des thèses et d’habilitations des différentes institutions pour concertation avant de l’appliquer.
4/ Une fois agréée par les commissions des thèses et d’habilitations et puis par le Ministère, la grille ne devrait pas changer d’un jury à un autre. On doit s’entendre sur une grille finale qui devrait être affichée sur le site web du Ministère.
5/ Les membres des jurys ont la responsabilité de vérifier le contenu des dossiers et en particulier les publications pour éviter de donner des points, d’une façon systématique, à des travaux dupliqués.
Les membres des jurys de recrutement, les commissions des thèses et d’habilitations, le corps enseignant et les chercheurs sont appelés à assumer leurs responsabilités pour assurer la crédibilité de nos concours de recrutement.
Il est temps que chaque membre des jurys de recrutement prenne son courage à deux mains afin de défendre la souveraineté du jury loin de tout intérêt personnel.
Il est vrai que le ver est dans le fruit : Certains candidats cherchent à réussir au concours en dépit de la qualité médiocre de leurs dossiers. Ils ont recours aux pratiques occultes de l’époque de la Mafia de Benali: donner des cours particuliers à la fille de Mr X, aider un des proches de Mr Y à décrocher un module ou lui faire passer les questions d’examens.
Certes, le fruit est pourri mais il ne faut pas l’abandonner. On doit dire Non à la médiocrité dans notre université, sinon on sera envahi par ce cancer !
L’histoire des concours de recrutement d’enseignant-chercheur a toujours été marquée de scandales durant l’époque de Benali. Il est temps de faire appel à Mr Propre pour une purge. Il faudrait, cependant, saluer l’effort de plusieurs membres de jurys de recrutement qui assument honnêtement et correctement leurs responsabilités. Ces derniers samouraïs sont les garde-fous du niveau scientifique de nos universités.
Le syndicat, les enseignants-chercheurs, les structures élues sont vivement appelés à défendre la crédibilité de nos concours et la souveraineté de nos institutions de recherche.
Tunis, le 10 juin 2013
Sonia Haddad
Maître de Conférences
Faculté des Sciences de Tunis

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